Françoise Huguet-Boris Noguès
L’histoire de l’enseignement supérieur français du XIXe siècle reste largement à écrire, en particulier si l’on souhaite dépasser la problématique longtemps unique et dominante du retard français par rapport au modèle humboldtien. Le présent répertoire entend y contribuer, en visant un double objectif :
- permettre un repérage aisé des individus, dans le cadre d’une histoire sociale de l’université qui accorderait toute leur place aux acteurs de l’enseignement
- proposer une approche globale des facultés françaises, envisagées comme un ensemble formant système
Historique de la base et contributions
Méthodologie des dépouillements
Abréviations utilisées dans la liste des sources
Une approche par établissement : la liste des enseignants et des chaires par faculté
Périmètre du répertoire (vers le sommaire...)
Le présent répertoire recense tous les enseignants qui ont exercé entre 1808 et 1880 dans les facultés « académiques » des lettres et des sciences, à l’École Normale (Supérieure) et au Collège de France.
Cadre chronologique (vers le sommaire...)
Le choix des bornes chronologiques (1808-1880) est dicté par un souci de cohérence institutionnelle et fonctionnelle, entre la fondation napoléonienne de 1808 et les profondes réformes de la IIIe République (loi du 27 février 1880). Après l’arrivée des républicains au pouvoir, on entre indiscutablement dans un autre âge de l’histoire de l’université française, du triple point de vue institutionnel (avec par exemple la généralisation du couple professeur/maître de conférences, dont le corps est créé en novembre 1877), scientifique et pédagogique (avec la référence assumée au modèle de l’université humboldtienne) et social (avec une croissance sans précédent des effectifs étudiants), toutes évolutions bien connues, depuis que la haute administration de l’époque (Dumont, Gréard, Liard) a soigneusement veillé à en assurer la publicité, pour des raisons politiques.
Institutions retenues (vers le sommaire...)
Le choix de ne retenir que les enseignants des facultés des sciences et des lettres, s’explique par les grandes différences qui opposent ces facultés « académiques » aux facultés dites « professionnelles » de droit et de médecine. Sans entrer ici dans des développements propres à l’histoire des professions, la fonction et le personnel de ces facultés académiques s’inscrivent en effet dans la continuité de ceux des lycées, alors que les autres facultés sont fortement liées aux professions libérales. Ce constat n’interdit nullement une approche plus large qui permettrait justement des comparaisons entre ces deux mondes, mais la nécessité d’aboutir à un résultat dans des délais raisonnables a conduit, au moins dans un premier temps, à privilégier les seuls enseignants des facultés académiques.
Ce parti pris n’a cependant pas empêché d’élargir le recensement aux enseignants de l’École Normale Supérieure et du Collège de France, dans la mesure où le passage par ces deux institutions peut constituer une étape importante des carrières. Concernant les professeurs du Collège de France, le recensement n’est pas exhaustif, car les chaires qui relevaient manifestement du droit ou de la médecine ont été exclues, celles pour lesquelles les frontières disciplinaires se sont avérées trop difficiles à tracer, comme c’est fréquemment le cas, ayant été maintenues (proximité avec l’histoire, l’histoire naturelle…).
Cadre géographique (vers le sommaire...)
L’étude porte sur l’ensemble de la France, envisagée dans ses frontières actuelles. Les facultés françaises qui ont pu exister entre 1808 et 1815, dans le cadre de l’Empire, dans des villes redevenues rapidement étrangères (Bruxelles, Turin…) ont été exclues de la base prosopographique car, sans entrer dans le détail de ces histoires singulières, leur organisation et leur fonctionnement ont parus trop brefs et trop hétéroclites pour s’intégrer utilement dans l’étude. Elles sont cependant mentionnées dans la présentation donnée en annexe Une approche par établissement : la liste des enseignants et des chaires par faculté
Catégories de personnel (vers le sommaire...)
Ont été recensés les professeurs titulaires de chaires, mais aussi tous les individus occupant des fonctions enseignantes : professeurs adjoints, professeurs suppléants, professeurs délégués, maîtres de conférences (ils existent dès le début du siècle à l’École Normale Supérieure), chargés de cours ou de conférences. En effet, la prise en compte de ces postes est indispensable à la reconstitution des carrières individuelles et, plus largement, à l’analyse du fonctionnement de l’enseignement dans les facultés.
Historique de la base et contributions (vers le sommaire...)
Le présent répertoire est une entreprise collective à laquelle ont contribué à divers titres plusieurs chercheurs. Il a pu s’enrichir dès l’origine de fichiers existants, souvent inédits, communiqués par André Chervel (recensement des professeurs des facultés des lettres de France au XIXe siècle), par Marie-Madeleine Compère (professeurs titulaires en 1813) et par Christophe Charle (notices figurant dans son ouvrage Les Professeurs de la Faculté des lettres de Paris. Dictionnaire biographique 1809-1908, Paris, 1985 ; fichier encore inédit des professeurs de la faculté des sciences de Paris). 562 notices individuelles proviennent ainsi des fichiers communiqués par ces trois chercheurs.
La création d’une base de données unique, intégrant et homogénéisant les fichiers existants, et le recensement des autres enseignants (professeurs de sciences de province, professeurs suppléants et chargés de cours) ont été réalisés par Boris Noguès. Françoise Huguet a ensuite assuré la gestion de la base (sorties/entrées de nouvelles notices au fil des dépouillements) et la majeure partie de la consultation des dossiers de retraite (série F/17 des Archives nationales), avec le concours de Boris Noguès et de Victor Belhoste (vacataire SHE). Ces dépouillements systématiques se sont avérés indispensables pour vérifier et surtout compléter les notices originelles, dont beaucoup se contentaient de mentionner ponctuellement un nom et une fonction saisis une année donnée.
Méthodologie des dépouillements (vers le sommaire...)
Outre les monographies de facultés qui ont été systématiquement exploitées, les principales sources utilisées ont été le Bulletin administratif de l’instruction publique (devenu en 1864 le Bulletin administratif du ministère de l’instruction publique), dans lequel figurent les arrêtés de nomination des enseignants, et les dossiers individuels de retraite, conservés dans la série F/17 des Archives nationales.
On s’est attaché à compléter chaque notice individuelle pour disposer des informations biographiques indispensables (prénom, date de naissance…) qui faisaient généralement défaut. La reconstitution des carrières en dehors de l’université (postes dans le secondaire en particulier) et la recherche d’autres informations biographiques n’ont été faites que de manière incidente, à l’occasion des différents dépouillements. Ces informations « secondaires » ont cependant été collectées pour alimenter une analyse plus détaillée de la population.
Au-delà de la reconstitution des carrières qui représentait l’objectif premier, une attention particulière a été portée aux thèses (voir les répertoires des thèses de lettres et des thèses de sciences) et aux publications en général, sans pour autant viser un recensement exhaustif de ces dernières. Cette attention contribuera à éclairer la place occupée par le groupe dans la production de connaissances nouvelles et, à l’intérieur du groupe, à préciser le rôle que jouent ces activités complémentaires de l’enseignement dans la différenciation des carrières individuelles.
Abréviations utilisées dans la liste des sources (vers le sommaire...)
Voir aussi :
Une approche par établissement : la liste des enseignants et des chaires par faculté
Base en ligne : Les thèses de doctorat ès lettres soutenues en France de la fin du XVIIIe siècle à 1940
Exposition virtuelle : Thèses et doctorats ès lettres au XIXe siècle (vers le sommaire...)